Choisy-le-Roi/Bourg-la-Reine (Elégance princière)

Publié le par O.facquet

Les Adieux à la reine - film 2011 - AlloCiné

Comme le savaient tous les gladiateurs, il faut bien un jour quitter l’arène. Se retirer. Prendre congé. Les Adieux à la reine (2011) est le dernier film de Benoît Jacquot. Nous sommes en 1789 à Versailles. La Cour, désinvolte, s’étourdit pour oublier que le peuple gronde alentour. Marie-Antoinette (Diane Kruger) dépense sans compter, le roi Louis XVI (Xavier Beauvois, en petite forme) règne, enfin, il s’y emploie. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive aux oreilles des gens biens nés de la Cour, le château se vide, les rats quittent le navire, aristocrates et serviteurs, tout à la fois. Fin de l'insouciance. La monarchie prend l’eau, ça tangue (le changement, c'est maintenant). Le film déçoit, plus encore, il est ennuyeux, et pas qu’un peu. Des costumes d’époque, des décors somptueux dans lesquels se fondent les personnages, comme neige au soleil. Il ne suffit pas de planter trois superbes actrices dans un environnement avantageux pour faire un bon film (Trois bombes à Versailles titraient récemment les Inrockuptibles...). La preuve en est. Le scénario est mince : la reine de France se consume d’amour pour une belle aristocrate, Gabrielle de Polignac (Virginie Ledoyen), aux nombreuses relations contingentes, épanouie dans la communion des corps (tous, sans exception, comme sa maîtresse), cette liaison désespère Sidonie Laborde (Léa Seydoux), jeune lectrice dévouée à la reine, secrètement et sévèrement mordue (irrésistible souveraine). En arrière-plan : la déliquescence de L’Ancien Régime. 

 

Bon, et à part ça ? Le réalisateur se perd dans un saphisme triangulaire inconsistant (une affiche explicite, tromperie cependant sur la marchandise), un érotisme mou du genou, à l’image de la mise en scène et de la direction d’acteurs, d’une platitude affligeante. Virginie Ledoyen défile dans les galeries, tête haute (un entrainement avant une possible décapitation ?), comme un mannequin sur un podium, au rythme d’une musique disco ; nos trois Grâces font des têtes de six pieds de long, elles ont toujours l’air d’avoir perdu un proche, arborent des mines fatiguées, en gros, elles tirent la gueule une heure quarante durant, c’est gênant, voire vexant. Bonjour la sensualité promise ! La monarchie française, un régime sensuel, vraiment ? Aucune nuance dans le jeu, pas une seule. Une certaine lassitude finit par gagner le spectateur, agacé par les caprices de l’Autrichienne (de vie), ses colères de gamine insatisfaite, les accès d'humeur de chacun, les regards de chien battu de la jeune lectrice, aux minauderies répétitives, sans oublier l’arrogance sur-jouée, presque ridicule, de Gabrielle de Polignac/Virginie Ledoyen. Un personnage bien fade. Pourquoi Benoît Jacquot l’a-t-il ainsi négligée ? C’est si flagrant que ce désintéressement semble suspect. Seul son corps nu semble l’avoir séduit. La reine envoie Sidonie quérir Madame de Polignac dans ses appartements. Elle dort dévêtue, seul un drap immaculé la protège des regards libidineux. Sidonie le soulève avec précaution. Un corps parfait se présente à la vue. Ce n’est pas rien, un peu léger toutefois pour étoffer un personnage sans intérêt (sur l'affiche susmentionnée, Madame de Polignac nous tourne le dos). Inutile d’épiloguer enfin sur la faiblesse de la mise en scène, son absence nous dispense de ce pensum. Les acteurs n’y croient pas. C’est contagieux. Rien à dire, pas grand-chose à montrer. Qu’est-ce qui peut justifier l’existence d’un tel film ? Tout ça pour ça, serait-on tenté de dire. Nous souhaitons un prompt rétablissement à Benoît Jacquot, un cinéaste de talent, pourtant. Quant à la reine : bye bye Blondine ! 

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Les Adieux à la Reine – Ad Vitam

Publié dans pickachu

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