Sacha ! disent-elles.

Sacha Guitry, de son nom complet Alexandre Georges-Pierre Guitry, est un comédien, dramaturge, metteur en scène de théâtre, réalisateur et scénariste de cinéma, né le 21 février 1885 à Saint-Pétersbourg en Russie, mort le 24 juillet 1957 à Paris. Il est l'auteur fécond d'une oeuvre riche de trente-trois films, qui comprend, entre autres, Le Roman d'un tricheur, Si Versailles m'était conté, Si Paris nous était conté, sans oublier son Napoléon. La forêt qui cache un arbre aux mille branches : La vie d'un honnête  homme (1953), un petit bijou. Nous sommes à Paris en 1952. Un industriel fortuné et un homme de petite vertu sont jumeaux. Le voyou passe l'arme à gauche, son frère, un honnête tyran domestique, excédé par sa famille, sans doute trop veule, échange son identité contre celle de son jumeau. La vie d'un honnête homme est une satire sociale macabre, d'une férocité primesautière, facétieuse et sordide, tout à la fois. Loin toutefois de la misanthropie perverse et roublarde d'un Autan-Lara, par exemple. Bêtement attaqué pour collaboration à la Libération par quelques néophytes zélés -malgré un aveuglement politique incontestable, il est réhabilité par la Nouvelle Vague, en particulier François Truffaut, qui voit en lui l'auteur complet comme Charlie Chaplin (la justice n'a jamais rien trouvé à reprocher à Guitry). Godard lui rendra hommage dans Le Mépris, en imitant à sa façon le générique de début de La vie d'un honnête homme, film dans lequel Michel Simon est génial (c'est-à-dire sobre) et Louis de Funès déjà l'immense comédien que l'on sait. Le style de Guitry est inoubliable, à l'image de cette voix off, la sienne, qui commente inopinément les faits et gestes de chacun, sur un ton mi badin mi sarcastique. Un plaisir sans fin.
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