La tentation Scorsese (4)

Publié le par facquet

undefinedL'étoile de Martin Scorsese  (cinéaste américain né en 1942, de la même génération que les De Palma, Coppola, Lucas ou Spielberg) paraît avoir récemment quelque peu pâlie. La rançon de la gloire ? Un avant-dernier film discuté et discutable, Aviator (2005), et à juste titre (il avait l'éclat des feux d'artifice trop réussis, entre autres) ? Allez savoir. C'est la mésaventure que connurent avant lui d'autres cinéastes de même niveau. L'éclat de la notoriété finit par éclipser l'oeuvre ; la célébrité devient un obstacle à la voir et non plus une invitation à la rencontrer.
Martin Scorsese est un cinéaste lumineux, génial -parfois agaçant (qui ne l'est pas ?) ; dans Aviator, par exemple, à trop vouloir survoler son sujet, il zappe sans vergogne la xénophobie et l'antisémitisme du producteur cinéaste Howard Hugues. Génial, toutefois, sans conteste. On excusera ici l'hyperbole. Eh ! qu'importe ? Il le vaut bien. Le désamour dont il est la victime provisoire est à apprécier à l'aune de l'intérêt qu'il a suscité des années durant. Eh bien, oui ! C'est en partie par lui qu'il faut encore en passer pour comprendre quelque chose du cinéma de ces quatre dernières décennies. Qu'on apprécie ou pas son travail ; au demeurant d'une variété saisissante, à l'image des thèmes (obsessions) évoqués : le trahison, le déclassé, un christianisme diffus de contrebande, la violence sous toutes ses formes, la rédemption, et des genres abordés : du film policier social, à la comédie-cauchemar, via le film musical (New York New York, en 1977), voire le biopic sulfureux : La Dernière tentation du Christ (1988) . Dans l'opéra scorsesien, tous les personnages de l'époque sont convoqués. Qu'est-ce qu'un artiste, sinon un aimant qui répercute les forces, les intensités du moment, et, en abîme, ruse et joue avec son art ? Scorsese ou le grand rendez-vous. Ceux qui voudraient en faire une vieillerie encombrante, devraient pourtant savoir que la jeunesse n'est pas une vertu. La fougue, la générosité, la boulimie de ce réalisateur énorme, font qu'il peut toujours nous en remontrer (très bientôt, sans doute).
Son travail est bourré d'énergie, avec des hauts et des bas, comme dans toute oeuvre. Il a de surcroît fait tourner (dans tous les sens) un acteur magnifique, l'interprète idéal : Robert de Niro (leur première collaboration dans l'inoubliable Mean Streets en 1973). Pas seulement (il a donné à Léonardo DiCaprio une épaisseur inattendue). Difficile, surtout, de dresser la liste des ouvrages qui lui ont été consacrés. Ils sont légion. Scorsese est enfin un cinéaste qui ne laisse pas la jeunesse indifférente ; nombre de ses films sont connus des jeunes générations -réputées frileuses : Taxi Driver (1976), Raging Bull (1979), ou Les Nerfs à vif (1991) ; plus récemment : Casino (1995), Gangs of New York (2002) et bien sûr Les Infiltrés (2006, le retour en grande forme, et en grâce : Scorsese remet les pieds sur terre, vit de nouveau avec son époque). Avec le temps, comme pas mal d'entre nous, on finit par s'aventurer du côté de Who's that knoking at my door (1969, son premier film, avec Harvey Keitel) ou d'Alice n'est plus ici (1975). Une dernière digression : avouer nourrir une admiration particulière pour les Les Affranchis (1990) ; pour ces choix visuels directement indexés sur la diversité des situations (la marque des grands) : à la toute fin du film, l'image semble autant hallucinée que le regard cocaïné de Ray Liotta. Un nouveau Scorsese arrive : Shine a light, la captation d'un concert des Rolling Stones donné le 31 octobre 2006 au Beacon Theatre, une salle new yorkaise ; comme d'habitude nous serons là.      of

Publié dans pickachu

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