Moins belle la vie (Nanar +)

Publié le par O.facquet

 

       Praud : OM-PSG - Bernard Tapie : "On y croit"

 

N’y voyez pas malice. L’actualité est chargée, nécessité faisant loi, rien de répréhensible, en conséquence, à se délecter, pour souffler un peu, d’un fait divers croustillant parmi d’autres, lequel doit ce présent excès d’honneur à un perturbateur mouvement de caméra télévisuel. Avouons aussi une faible inspiration critique de votre serviteur (l’âge ?) –pourtant que de bons films vus : Les Invisibles de Sébastien Lifshitz, par exemple, indispensable, une jubilatoire claque grisonnante aux remugles nauséabonds homophobes. Disons surtout que la lecture récente du dernier ouvrage de feu Jorge Semprun, Exercices de survie, tout comme la lumineuse introduction de Régis Debray, filent des complexes. On le serait à moins (complexé). Ils savent ce que bien écrire veut dire. Des maîtres.

Mercredi 28 novembre 2012 : deux équipes de football au passé sportif et extra sportif  prestigieux, convoitent la première place du championnat de France âprement disputée cette année. Le club invitant, l'honneur d’une ville pour laquelle le ballon rond est une religion sécularisée, se prend une claque. Les invités s’en donnent à cœur joie. Un triplé d’un des attaquants : il avait mangé du lion. L’honneur sauvé dans les dernières minutes. Et encore… Les supporters tirent la gueule. Une figure imposée. La déception est immense. Rien de nouveau sous le soleil au royaume des Dieux du stade. La controverse est ailleurs. Rentrés à la maison avec l’ardente envie de jeter au fossé, voire dans le Vieux-Port, joueurs et dirigeants, riches comme Crésus, ils découvrent en différé dans le poste leur Président (du club, pas l’hôte de l’Elysée), le rire aux lèvres, une coupe de champagne à la main, bien au chaud dans le carré réservé dans la tribune d’honneur aux  VIP, pendant que leur équipe se fait étriller. Un couac ? Rien d’exceptionnel en tout cas pour les spécialistes acclimatés aux moeurs  footballistiques, blasés devant ces spectacles indécents offerts dans les arènes de notre temps. La défaite affecte ceux qui le veulent bien diront les cyniques. Ils sont légion aujourd’hui.  Il a suffi d’un mouvement de caméra intempestif d’un journaliste aventureux ou indigné pour mettre le feu aux poudres, et ouvrir la boîte de Pandore des théories du complot. Qui est derrière tout ça, tapi dans l’ombre ? Quel est son but ? On s’en moque comme notre de première chaussette, non ? Un ancien dirigeant à la moralité jamais prise en défaut : allez savoir ! Seul nous intéresse, ce samedi premier décembre où l’on fête les Florence, ce mouvement de caméra susmentionné en forme d’acte manqué. Le réalisateur suit la rencontre, soudain intervient un focus impromptu sur le Président olympien, persuadé d’être protégé hors champ ou hors cadre. Nous qui vivons pour et par le cinéma, savons que nous venons d’assister à un simple plan de coupe (de champagne). L’art du montage. Jamais innocent, toujours risqué. Ce plan autonome, sans raccord spatio-temporel avec les plans suivants ou précédents, est un cas d’école. C’est toujours ça de pris. Foot et grammaire cinématographique, tout à la fois : du pain béni pour les pédagogues. Ce qui n’est pas de trop par les temps qui courent… Remercier demain la Bonne Mère.

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Publié dans pickachu

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