Amochés : les larmes vont parler.

Publié le par facquet

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La solitude est un sentiment partagé par tellement de gens que ce
serait extrêmement égoïste d'éprouver sa solitude tout seul
                                                   Tennessee Williams




Moshé Dayan, le père : général israélien (proche des Travaillistes), né à Degania en 1915 dans une famille de pionniers installée en Palestine depuis le début du siècle. Il s'engage dans l'armée australienne et se bat en Syrie contre les troupes de Vichy en 1941, et c'est à cette époque qu'il perdit l'oeil gauche ; Moshé Dayan a dirigé les forces israéliennes contre l'Egypte en 1956 ; ministre de la Guerre de 1967 à 1974 (il n'a pas dû s'ennuyer...), il est ministre des Affaires étrangères de son pays de 1977 à 1979.
Assi Dayan, le fils (le père l'a à l'oeil) : né en 1945 en Israël ; cinéaste et acteur chez Amos Gitaï. Il réalise en 1992 (un an avant les Accords d'Oslo) La Vie selon agfa, avec Gila Almagor, Sharon Alexander et Avital Diker (tous parfaits !), un brûlot rageur et controversé sur la société israélienne d'avant-hier (un portrait insolent sans concession) : dans la brasserie (elle penche à gauche) de Dalia et Liora, de six heures du soir à six heures du matin, tout Tel-Aviv se met en scène : des soldats de Tsahal machistes, racistes et belliqueux (ils ne le sont pas tous !), des cuisiniers débonnaires palestiniens humiliés plus qu'à leur tour, une jeune et jolie junkie en partance pour les USA, une charmante serveuse passionnée de photographie, une suicidaire seule au monde (ça finit très mal), des femmes délaissées, des séfarades remontés contre les askhénazes, un flic trouble à la libido en ébullition, un homme mur condamné, sans oublier le poète visionnaire, courageusement pacifiste et provocateur, profondément malheureux, avec comme seules armes son piano et ses chansons satiriques et tendres à la fois. Un volcan en activité : une tension permanente. Tout peut arriver, à tout moment. Un condensé explosif : un cocktail détonnant. S'enivrer ,sans excès, pour s'évader un peu.
On y boit, donc, on y chante, on y fume, on y fait l'amour en passant dans les toilettes, on y pleure aussi, et quelques coups pleuvent parfois. Jusqu'à l'affrontement final plutôt gore : un carnage burlesque qui en dit plus long sur les violences, le désespoir et autres angoisses qui rongent la société israélienne en particulier, cette région du monde plus généralement, que bien des tirades manichéennes en vogue par chez nous. Un film choral tragique, d'un humour désespéré abrasif, modeste dans ses moyens et sa forme, mais généreusement universel. Ceci expliquant peut-être cela. La Vie selon agfa complexifie, dans l'espoir d'apaiser les ressentiments, quand d'autres simplifient à souhait, pour au contraire les attiser. Un travail à découvrir. Il n'a pas pris une ride et n'est pas prêt de vieillir -malheureusement.
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Publié dans pickachu

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