Père dû.

Publié le par O.facquet

 

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Kiki

Le film d'Arnaud des Pallières est un piège sans fond. Orpheline (2017) attend le spectateur et le critique au tournant. Le traquenard psychologique guette sa proie, goulûment. Ce type de film rend bavard, chacun y va de son diagnostique. Le journaliste d'un grand quotidien national s'est pris récemment les pieds dans le tapis avec Orpheline : son papier ressemble comme deux gouttes d'eau à un rapport psychiatrique consciencieux, à un compte-rendu circonstancié d'un cas clinique. Un coup de massu mon général.

 

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Renée

 

Soit un personnage féminin à quatre âges de sa vie. Quatre actrices différentes, quatre lieux, quatre contextes, quatre époques, un récit éclaté donc. Renée (Adèle Haenel, une valeur sûre), travaille dans une école avec des enfants déracinées (est-ce un hasard ?), c'est une jeune femme dans la vingtaine. Karine (Solène Rigot, quel potentiel !) du haut de ses treize ans sèche les cours et fuit le foyer paternel. Sandra (Adèle Exarchopoulos, qui confirme) arrive de sa province, joue avec le feu. Elle a tout juste vingt ans. Kiki est une petite fille élevée à la campagne. Le film se clôt avec avec Renée dans un commisariat roumain.

 

Kiki se voit confronter au pire des scandales : la mort (de ses deux petits camarades de jeu).

Karine jeune ado découvre le sexe et la sensualité.

Sandra apprend la vie à Paname et la place qu'y prend l'argent (et le sexe).

Renée fait la synthèse, en s'efforçant de trier le bon grain de l'ivraie.

Le maelstrom psychologisant peut commencer. Ce n'est pas tout pourtant. Kiki se voit confronter à la mort puis perd sa mère. Karine orpheline se fait tabasser par son père (processus de déplacement : chérie où t'es ?), résiste, persévère, puis cherche du réconfort dans des bras masculins plus tout jeunes (logique : papa où t'es ?). Sandra a tout largué, elle couche avec un homme d'âge mûr (bis repetita placent ?) qui voulait l'adopter (rebelote) et se laisse aller à des ébats lesbiens (maman où t'es ?). Renée fait la synthèse (catharsis), pour sa progéniture trouve un père (re-paire, paire de, tant qu'on y est), loin cette fois de la retraite, et devient mère (elle accouche enfin de tout ça), avant d'aller purger sa peine, se purger de ses peines. Peine perdue ?

 

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Rien de nouveau sous le soleil. En revanche, une question reste en suspend, et pas des moindres : comment Orpheline dit-il tout ça et le dit-il bien ? La forme c'est le fond qui remonte à la surface comme l'a écrit le vieux Hugo. Le sujet est âpre. Le film l'est aussi. Surtout, comme un écho à notre propos, des Pallières épargne à sa mise en scène le pensum psychologique, le récit fragmenté esquive l'introspection sentimentale frappée au coin d'un déterminisme facile. D'où un portrait de femme(s) fractionné, irréductible à toutes les approches englobantes définitives. Ce qui in fine le rend à la fois précieux et unique.

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Karine

Publié dans pickachu

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